Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, Co-Fondatrice de la Visitation (1572-1641). Fête le 12 Août.

Lundi 12 Août 2024 : Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, Co-Fondatrice de la Visitation avec Saint François de Sales (1572-1641).

Johanna franziska von chantal

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/249/Sainte-Jeanne-Francoise-de-Chantal.html

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal

Fondatrice de la Visitation (? 1641)

Jeanne Françoise Frémyot était la fille du président du Parlement de Bourgogne. C'était un Catholique intransigeant en cette époque des Guerres de Religion.
A 20 ans, elle épousa le baron de Chantal qu'elle aima d'un grand amour. Épouse accomplie, pieuse à ses heures, elle était une mère parfaite, mais eut la douleur de perdre en bas âge deux de ses six enfants.
A 28 ans, quand le baron est tué d'un accident de chasse, elle se révolte, déteste le malheureux meurtrier malgré lui et, au bord du désespoir, elle s'en remet à un Confesseur rigoureux.

Quatre ans plus tard, elle entend Saint François de Sales prêcher un Carême et reconnaît en lui le maître spirituel dont elle a besoin.
L'Évêque de Genève la libère de ses scrupules. De leur confiance réciproque va naître une grande aventure Religieuse et spirituelle.
Jeanne-Françoise prend le temps d'établir ses quatre enfants dans la vie et fonde l'Ordre de la Visitation-Sainte-Marie, Congrégation destinée aux femmes de santé fragile.

Après la mort de saint François de Sales, elle maintiendra intacte cette spiritualité Salésienne, surtout la vie intérieure abandonnée à Dieu.
Pendant 40 ans, elle souffrira de tentations contre la Foi, mais l'Amour de Dieu lui suffit, écrivit-elle.

"Ah! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’Amour!".
Voyageuse infatigable, elle parcourut tous les chemins de France pour veiller à l’édification des nombreux Monastères de la Visitation.
Elle participera activement à la diffusion des ouvrages de Saint François de Sales et, par ses propres écrits, apportera sa contribution à la pensée Salésienne. (saints du diocèse d'Annecy)

Au martyrologe romain, le 12 Août, mémoire de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, Religieuse.
Elle avait été mariée au baron de Chantal et lui donna six enfants qu’elle éleva avec sollicitude.
Après la mort de son mari, sous la direction de Saint François de Sales, elle entra avec bonheur dans la voie de la perfection et accomplit des œuvres de Charité, pour les pauvres surtout et les malades.
Elle fonda avec lui l’Ordre de la Visitation, qu’elle dirigea avec sagesse, et mourut à Moulins, le 13 Décembre 1641.

Martyrologe romain

"Ne vous retournez jamais sur vous-même. Regardez seulement Dieu et le laissez faire, vous contentant d'être toute sienne en toutes vos actions."
Changement de la date du 21 Août au 12 Décembre, puis, depuis 2003, est fêtée le 12 Août.

Jeannechantal 11

Icône contemporaine, USA

http://www.peintre-icones.fr/PAGES/CALENDRIER/Aout/12.html

Sainte Jeanne de Chantal (1572-1641)

Veuve à 28 ans du Baron de Chantal dont elle avait eu quatre enfants, elle rencontra en 1604 St François de Sales, qui fut pour elle le meilleur des amis et son Père spirituel.
Ensemble ils fondèrent à Annecy l'Ordre de la Visitation, pour des femmes de santé fragile, ne pouvant supporter la vie austère des autres Couvents.

"Pour ce qui est de vous, ma très chère fille, pour Dieu ne vous regardez point ni le chemin par lequel Dieu vous conduit, mais seulement regardez Dieu et le laissez faire, vous contentant d'être toute sienne en toutes vos actions...
Que cela vous suffise qu'il daigne se servir de votre chétivité et inutilité."

Santa giovanna francesca de chantal i 1

https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/5f82fd11-acff-4af3-894e-e0d1f4ddf3e1

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
Veuve et Fondatrice de :
 “Ordo Visitationis Beatissimae Mariae Virginis
(Ordre de la Visitation...)
(1572-1641)

Françoise-Madeleine de Chaugy, nièce de la Mère de Chantal, évoque « l'humeur vive et gaie » de sa tante, « son esprit clair, prompt et net, son jugement solide ». Ces qualités humaines devaient rendre Sainte Jeanne-Françoise de Chantal très efficace dans toute sa vie d'épouse et de mère, puis de femme Consacrée.

Fille de magistrat, Jeanne-Françoise Frémyot, âgée de vingt ans, fut donnée en mariage au baron de Chantal. Leur foyer, où naquirent quatre enfants, connut huit années de bonheur profond, que vint interrompre brutalement un accident de chasse (1600).
Le baron, blessé, mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans ; dans sa douleur, elle se confia toute à Dieu.

C'est alors que Le Seigneur mit François de Sales sur sa route. Dès lors, elle se mit sous sa direction. Avec patience et fermeté, l'Évêque de Genève conduisit Jeanne-Françoise à une perfection supérieure :
« J'ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal. »
Le Saint Évêque donna à la future Sainte cette parole qui devrait conduire toute sa vie : « Il faut tout faire par Amour, et rien par force ; il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance. »

En 1610, vint l'heure des adieux héroïques de Madame de Chantal à son père et à ses enfants.
Elle devint Fondatrice de l'Ordre de la Visitation, Ordre qui allie Contemplation et service des malades. Alors commencèrent à travers la France les voyages incessants pour fonder des maisons à l'image de celle d'Annecy.

La Sainte Fondatrice mourut à Moulins le 13 Décembre 1641.
L'amour de Dieu possédait son âme au point qu'elle n'en pouvait supporter l'ardeur. « Ah ! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d'aimer Dieu, il mourrait d'Amour ! ».

Saint francois de sales donnant a sainte jeanne de chantal la regle de l ordre de la visitation noel halleSaint François de Sales donnant à Sainte Jeanne de Chantal la règle de l'ordre de la Visitation Noël Hallé.
Photo de Pascal3012

http://missel.free.fr/Sanctoral/08/12.php.

Biographie

Jeanne Françoise Frémyot naquit à Dijon le 23 janvier 1572. Orpheline de mère à dix-huit mois, elle reçut de son père, second Président au Parlement de Bourgogne, une éducation forte et brillante, profondément Chrétienne.
« Dès son jeûne âge l'on remarqua en elle des indices particuliers de la grâce divine, et entre autres une modestie fort majestueuse et une aversion si incomparable aux hérétiques, que si quelqu'un d'eux la voulait toucher ou porter entre ses bras, elle ne cessait de crier qu'il ne l'eût posée.

Elle apprenait avec une grande souplesse et vivacité d'esprit tout ce qu'on lui enseignait, et on l'instruisait de tout ce qui est convenable à une demoiselle de sa condition et de son bon esprit : à lire, écrire, danser, sonner des instruments, chanter en musique, faire des ouvrages... »1

Le 29 Décembre 1592, elle épousa Christophe II de Rabutin, baron de Chantal. « Ce fut un des plus accomplis mariages qui aient été vus, l'un et l'autre partis étant parfaitement doués de corps et d'esprit, des plus aimables qualités, recommandables en la noblesse.

Quant à notre bienheureuse Mère, elle était de riche taille, d'un port généreux et majestueux, sa face ornée de grâces et d'une beauté naturelle fort attrayantes sans artifice et sans mollesse ; son humeur vive et gaie, son esprit clair, prompt et net, son jugement solide ; il n'y avait rien en elle de changeant ni de léger.

Bref, elle était telle qu'on la surnomma la dame parfaite... Elle ne portait que du camelot et de l’étamine, et cela avec tant de propreté, de grâce et de bienséance, qu'elle paraissait cent fois plus que plusieurs autres qui ruinent leurs maisons, pour porter des affiquets... Cette femme diligente fut une couronne à son mari Le cœur duquel se fiant en elle entreprit avec joie et générosité de régler sa maison.2 »

Pendant neuf ans ils vécurent un très grand bonheur au château de Bourbilly, jusqu'à ce jour de 1601 où Monsieur de Chantal mourut des suites d'un accident de chasse.

Jeanne se retrouva seule, à vingt-huit ans, avec quatre jeunes enfants 3. Sa douleur était immense.

Un événement décisif orienta toute sa vie : la rencontre, en 1604, de Saint François de Sales venu prêcher le Carême à Dijon où le président de Frémyot avait invité sa fille. « Elle faisait mettre son siège à l’opposite de la chaire du prédicateur pour le voir et ouïr plus à souhait.

Le Saint prélat, de son côté, bien qu’attentif à son discours, remarquait cette veuve par-dessus toutes les autres dames 4. »  

Le frère de la baronne de Chantal qui était Archevêque de Bourges 5, la présenta à François de Sales ; ce fut le point de départ d'un ardent Amour de Dieu et d'un dépouillement radical qui la conduiront à une haute union à Dieu.
Entre Jeanne de Chantal et François de Sales se noua une profonde relation, faite d'une totale et affectueuse confiance mutuelle. Elle ne tarda pas à lui confier son désir d'être toute à Dieu. Mais ses responsabilités familiales la retenaient.

Peu à peu, cependant, les obstacles tombèrent 6 ; en 1610, elle quitta Dijon pour aller inaugurer à Annecy une nouvelle forme de Vie Religieuse dont François de Sales était le Fondateur : la Visitation.
Un double aspect caractérisait le jeune institut : une Vie de Prière intense et le service des malades. Fait unique à l'époque : ces Religieuses n'étaient pas cloîtrées, ce qui fit l'étonnement des malveillants.
En 1619, François de Sales dut supprimer la visite aux malades, et la Visitation devint un Ordre cloîtré.

1617 fut pour Jeanne de Chantal une année d’épreuves : son gendre mourut à Turin (23 Mai), suivi de Marie-Aimée, après un accouchement prématuré (16 Septembre).

Sur son lit de mort, Marie-Aimée prit l'habit de la Visitation et prononça ses vœux entre les mains de Saint François de Sales.

La Mère de Chantal, qui avait commencé à souffrir de maux étranges dès 1610 et avait été de nouveau malade en 1615 et 1616, se vit à toute extrémité à la fin de 1617 ; elle guérit à la suite d'un vœu à Saint Charles Borromée.
Une fois remise, elle partit fonder une Visitation à Grenoble (8 avril 1618), préparée par les prédications de l'Évêque de Genève.

A l’automne, elle commence un voyage de quatre ans loin d'Annecy.
Après la Fondation du Monastère de Bourges (15 Novembre), François de Sales l'appela à Paris où elle resta du 7 Avril 1619 au 21 Février 1622, s'occupant des débuts de la nouvelle Visitation (l° mai 1619), négociant le mariage de sa fille Françoise avec Antoine de Toulongeon, surveillant les Fondations de Montferrand (7 Juin 1620), de Nevers (21 Juillet), d’Orléans (9 Septembre), de Valence (8 Juin 1621).

Après quelques jours passés à Maubuisson avec Angélique Arnauld et un pèlerinage au tombeau de Marie de l'Incarnation au Carmel de Pontoise, elle partit pour la Fondation de Dijon (8 mai 1622), par Orléans, Bourges, Nevers et Moulins.
Fin octobre, elle était à Lyon où François de Sales lui commanda d'aller visiter les Monastères de Montferrand et de Saint-Etienne (établi le 1° Octobre).

Le 11 Décembre, à Lyon, eut lieu le dernier entretien des deux Fondateurs, et la Mère repartit aussitôt visiter d'autres Monastères.
Elle n'apprit la mort de son Père spirituel, survenue le 28 Décembre 1622, que le 6 Janvier 1623 à Belley d’où elle rentra à Annecy pour s'occuper du corps de François de Sales et de ses funérailles.
Désormais Jeanne de Chantal gouverna seule les treize Monastères de la Visitation où les vocations affluaient.

Elle se démit de son supériorat après l'Ascension 1623 et n'accepta d'être réélue que pour trois ans. Désirant se plier en tout à la Règle comme la plus humble des Religieuses, elle ne voulut jamais du titre de Mère générale, reprenant après chaque déposition le dernier rang.
Cependant son influence spirituelle et morale était immense et incontestée. Rien ne se décidait sans elle.

Elle fonda les Visitations de Chambéry (14 Janvier 1624), d’Evian (6 Août 1625), de Rumilly (29 Septembre) et de Pont-à-Mousson (6 Mai 1626).

En 1627, elle eut la joie de l'ouverture du procès de Béatification de François de Sales, et la peine de la mort de Celse-Bénigne, tué au combat de l'Ile de Ré (22 juillet) 7.

A l'automne 1627, elle fonda la Visitation de Cremieu (21 Septembre) et visita les Monastères de Paris, d'Orléans et d'Auvergne.

En 1634, elle fonda une seconde maison à Annecy pour accueillir l'afflux des postulantes. En juin 1635, pour conférer de l'avenir de son ordre avec les Évêques réunis à l'Assemblée du clergé de France, elle gagna Paris où elle passa l'hiver.
Chaque Monastère étant placé directement sous l'autorité de l'Évêque du diocèse, des amis de la Visitation s'inquiétèrent des moyens de maintenir, dans l'avenir, l'union et l’uniformité entre tant de maisons.

A l'occasion de l'Assemblée du clergé, en 1635, se tint une réunion de quelques Évêques, avec Saint Vincent de Paul, supérieur des Visitations de Paris 8, et le commandeur de Sillery 9. Appelée à donner son avis, la Mère de Chantal fit nettement comprendre que la volonté formelle du Fondateur avait été de laisser les Monastères sous l'autorité des Évêques, sans supérieure générale, et d'établir « non un moyen d'union d'autorité, mais de Charité » entre eux et avec le premier Monastère d'Annecy, « étant le dépositaire principal de l'esprit de l'Institut, et de la tradition du sens de la Règle, et des statuts, pour avoir été réglé et formé par le Fondateur 10. » Les prélats se rangèrent à cet avis et approuvèrent le Coutumier avec les additions proposées.
Le problème des moyens d'union entre les Monastères ne se régla pas si facilement que semble le dire la préface du Coutumier de 1637.

Peu après, en effet, Octave de Bellegarde 11 (Archevêque de Sens), Vincent de Paul et le commandeur de Sillery proposèrent de demander l’établissement d'un visiteur apostolique.

La Mère de Chantal en sentait l'opportunité, d'autant plus que Rome avait failli l'imposer d'office, en 1637, à la suite de rapports faits par des Jésuites contre l'Ordre pour accuser les supérieures et maîtresses des novices de gêner la libre communication des Sœurs avec les Confesseurs.
De plus, c'était une idée de François de Sales mais, selon lui, le visiteur ne devait agir que par l'autorité des Évêques afin de ne pas porter atteinte à leurs prérogatives.

La Mère de Chantal maintint fortement cette position et se trouva ainsi en désaccord sur ce point avec Vincent de Paul qui désirait des pouvoirs étendus pour le visiteur.

Jeanne de Chantal ne voulait que mettre en œuvre les intentions du Fondateur, mais il fallut bien interpréter et compléter pour faire face à des situations nouvelles.

Elle le fit avec sa personnalité profondément originale, son bon sens pratique et sa profonde connaissance de la psychologie féminine. Il ne fut plus jamais question de visiteur apostolique.

Au printemps 1636, elle reprit la route pour Troyes, Marseille et Montpellier. A l'automne 1638, elle fonda la Visitation de Turin (21 Novembre).

Le 11 avril 1641, elle se démit de sa charge de supérieure avec l'intention de ne plus jamais la reprendre.
Recrue d'épreuves et de deuils, elle aspirait au repos.
Or la duchesse de Montmorency 12 voulut prendre le voile à la Visitation de Moulins des mains de son amie la Mère de Chantal qui se mit en route le 28 Juillet.

En août, elle était à Moulins où Anne d'Autriche 13 lui envoya une litière pour la conduire à Saint-Germain-en-Laye où elle désirait s'entretenir avec elle.
De Paris, elle regagna Moulins où, en arrivant, elle dut s'aliter (8 Décembre).

Jeanne de Chantal mourut paisiblement, le 13 Décembre 1641, après avoir dicté ses dernières recommandations à ses filles de la Visitation.
Elle laissait l'ordre solidement établi avec quatre-vingt-sept Monastères. Son corps fut ramené à Annecy (30 Décembre) et inhumé dans l'église de la Visitation.

La Mère Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal fut Béatifiée par Benoît XIV le 21 Novembre 1751.

Le procès de Béatification n’avait commencé qu’en 1722 et les du procès avait été retardée par plusieurs difficultés

D'une part, une fausse interprétation du décret d'Urbain VIII avait fait négliger de recueillir dans les formes les dépositions des témoins quand il en était encore temps ; d'autre part, les réaction anti-mystique et antijanséniste, qui sévissait dans les milieux romains, la soupçonnait de quiétisme et de sympathies jansénistes.

Elle fut Canonisée par Clément XIII le 16 Juillet 1767.

Valentin metzinger sv fran isek saleski in ivana fran iska santalskaSainte Jeanne de Chantal et Saint François de Sales.

1 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

2 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

3 Ils eurent six enfants dont deux fils moururent en bas âge. Il res­ta Celse-Bénigne (né en 1596, le père de la marquise de Sévi­gné), Marie-Aimée (née en 1598), Françoise (née en 1599) et Charlotte (née en 1601, quinze jours avant la mort de son père).

4 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

5 André Frémyot, né à Dijon le 26 août 1573 ; sa naissance coûta la vie à sa mère. Il fit ses études à Paris. Encore sous-diacre  (1602), il fut élu ar­che­vêque Bour­ges (sacré à Saint-Denis-du-Pas de Paris, le 7 dé­cem­­bre 1603). Démissionnaire en 1621, il re­çut en commende les abbayes de Breteuil et de Ferrières et le prieu­ré de Nogent-le-Ro­trou. Ami de François de Sales, il fut un des trois commissaires apostoliques nommés par Urbain VIII pour l’enquête canonique (1627). Il mourut à Paris le 13 Mai 1641.

6 Marie-Aimée est mariée à Bernard de Sales, frère de Saint François de Sales (13 octobre 1609). Charlotte meurt à la fin de Janvier 1610. Celse-Bénigne est confié à son grand-père avant de commencer une carrière à la cour.

7 Celse-Bénigne, de son mariage avec Marie de Coulanges, laissait une petite fille qui deviendra la marquise de Sévigné.

8 Saint Vincent de Paul, à la demande de saint François de Sales, de sainte Jeanne de Chantal et de l’évêque de Paris fut nommé supérieur des trois monastères parisiens de la Visitation depuis leur fondation, charge qu’il garda jusqu’en 1660.

9 Frère du chancelier Nicolas de Sillery, Noël Brûlart de Sillery, destiné dès l’enfance à la vie religieuse, fut reçu dans l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (1596) et, au retour de Malte, il reçut la commanderie de Troyes (1600). Appelé par son frère à la Cour, il eut la faveur d'Henri IV et de Marie de Médicis dont il devint le premier écuyer puis le chevalier d'honneur. Il effectua des ambassades en Espagne et à Rome, où « en quittant cette capitale du monde chrétien, il emporta le nom d’ambassadeur aussi dévot que magnifique. » En 1624, à la disgrâce de son frère il renonça à la vie publique. A l'occasion d'un jubilé, il rencontra Vincent de Paul auquel il fit une confession générale et sous la direction duquel il se plaça. C'est sans doute sur ses conseils qu’il se rendit à la Visitation du faubourg Saint-Jacques, mais ce fut un échec : « Quoy qu'il remarqua beaucoup de perfection, et toute la vertu qu'il pouvoit souhaiter à la supérieure et aux religieuses qu'il vit, ce n'estoit point cependant ce qu’il cherchoit pour s'y attacher. » Il vint pour la première fois au monastère de la rue Saint-Antoine, le 28 décembre 1630, pour entendre un panégyrique de François de Sales par le curé de Saint-Jean-en-Grève. Hélène-Angelique Lhuillier, la supérieure, lui consacra par la suite de nombreuses heures d'entretien et entreprit de travailler à son édification spirituelle comme de lutter contre son amour de la gloire et des richesses. Lorsqu'il se fit prêtre en 1634, il choisit de dire sa première messe (13 avril) dans la modeste chapelle de la rue Saint-Antoine. Pour s'associer davantage aux prières des visitandines, le commandeur vint s'établir définitivement dans l'hô­tel du Petit-Bourbon où il vécut jusqu'à sa mort. Parmi ses bienfaits à l'égard de la Visitation, l'histoire a surtout retenu la construction de l'église de la rue Saint-Antoine, mais sa gé­né­ro­sité alla aussi à d'autres maisons de l'ordre. Il mourut à Pa­ris le 26 septembre 1640 et fut inhumé au monastère de la Visitation.

10 Préface du Coutumier de 1637.

11 Octave de Saint-Lary de Bellegarde naquit à Brouage en Péri­gord, en juillet 1587, quelques mois avant que son père (César, duc de Bel­le­garde et gouverneur de Saintonge) ne mourut de bles­sures reçues à la bataille de Coutras. Il étudia à Bordeaux et à Toulouse puis à la Sorbonne (1606). Destiné à l’état ecclésias­ti­que, il fut pourvu de bonne heure de bénéfices (les abbayes de Saint-Mélaine de Rennes, et de Nisors, la domerie de Notre-Darne d'Aubrat). Son oncle lui céda l’abbaye de Saint-Germain d'Auxerre où il fit profession. Aumônier ordinaire d’Henri IV (1607), abbé de Pothières (1610), il fut nommé évêque de Couserans en 1612. Le 14 novembre 1621, il était appelé à l'archevêché de Sens. Pendant un quart de siècle, tout à sa mission de chef de diocèse, il veilla avec un dévouement absolu aux intérêts spirituels et temporels de son Église. Plein de sollicitude pour l'observation des lois canoniques et pour la restauration de la discipline, il laissa la réputation d’ardente piété et d'une grande douceur. Il installa les visitandines à Provins, à Montargis et à Melun. Il mourut dans sa maison de Montreuil (près de Paris) le 26 juillet 1646. Il couronnait une vie toute de dignité et de zèle par un testament laissant tout ce qu'il possédait aux pauvres et à son Eglise. Son corps, rapporté à Sens, fut inhumé dans le sanctuaire de sa cathédrale.

12 La princesse Marie-Félicité des Ursin avait épousé en 1615 Henri II, duc de Montmorency et d’Amville, pair de France, premier baron, amiral et maréchal de France, gouverneur du Languedoc. Révolté contre Louis XIII et le  cardinal de Richelieu, le duc fut battu à Castelnaudary ; pris et jugé, il fut décapité à Toulouse (1632). Après l’exécution de son époux, la duchesse de Montmorency fut assignée à résidence à Moulins où elle fit construire une église pour les religieuses de la Visitation dans laquelle elle fit élever le mausolée de son mari. Elle prit le voile et fut supérieure du monastère. Elle mourut en 1666.

13 La Reine, habituée de la Visitation du faubourg Saint-Jacques, avait favorisé la fondation de la Visitation de Saint-Denis (1638) ; plus tard (1648) elle mit sous sa protection la fondation de la Visitation de Compiègne.

Acte d'abandon

O bonté souveraine de la souveraine providence de mon Dieu, je me délaisse pour jamais entre vos bras ; soit que vous me soyez douce ou rigoureuse, menez-moi sainte-jeanne-de-chantal.jpgdésormais par où il vous plaira. Je ne regarderai point les chemins par où vous me ferez passer, mais vous, ô mon Dieu, qui me conduisez ; mon cœur ne trouve point de repos hors des bras et du sein de cette céleste Providence, ma vraie mère, ma force et mon rempart ; c'est pourquoi je me résous moyennant votre aide divine, ô mon Sauveur, de suivre vos désirs et ordonnances sans jamais regarder où éplucher les causes pourquoi vous faites ceci plutôt que cela, mais à yeux clos je vous suivrai selon vos volontés divines sans rechercher mon propre goût ; c'est à quoi je me détermine de laisser tout faire à Dieu, ne me mêlant que de me tenir en repos entre ses bras, sans désirer chose quelconque, que selon qu'il m'incitera à désirer, à vouloir et à souhaiter.

Je vous offre ce désir, ô mon Dieu, vous suppliant de le bénir, entreprenant le tout appuyé sur votre bonté, libéralité et miséricorde, en la totale confiance en vous et défiance de moi et de mon infinie misère et infirmité.

Amen

Sainte Jeanne de Chantal

Il y a trois façons de faire oraison

La première se fait en nous servant de l'imagination, nous représentant le divin Jésus en la crèche, entre les bras de sa sainte Mère  et du grand saint Joseph ; le regardant entre un bœuf et un âne ; puis voir comme sa divine Mère l'expose dans la crèche, puis comme elle le reprend pour lui donner son lait virginal et nourrir ce Fils qui est son créateur et son Dieu. Mais il ne faut pas se bander l'esprit à vouloir, sur tout ceci, faire des imaginations particulières, nous voulant figurer comme ce sacré Poupon avait les yeux et comme sa bouche était faite ; mais nous représenter tout simplement le mystère. Cette façon de méditer est bonne pour celles [les personnes] qui ont encore l'esprit des pensées du monde, afin que l'imagination, étant remplie de ces objets, rechasse toute autre pensée.

La deuxième façon, c'est de nous servir de la considération, nous représentant les vertus que Notre-Seigneur a pratiquées : son humilité, sa patience, sa douceur, sa charité à l'endroit de ses ennemis, et ainsi des autres. En ces considérations, notre volonté se sentira tout émue en Dieu et produira de fortes affections, desquelles nous devons tirer des résolutions pour la pratique de chaque jour, tâchant toujours de battre sur les passions et inclinations par lesquelles nous sommes les plus sujettes à faillir.

La troisième façon, c'est de nous tenir simplement en la présence de Dieu, le regardant des yeux de la foi en quelque mystère, nous entretenant avec lui par des paroles pleines de confiance, cœur à cœur, mais si secrètement, comme si nous ne voulions pas que notre bon ange le sût. Lorsque vous vous trouverez sèche, qu'il vous semblera que vous ne pourrez pas dire une seule parole, ne laissez pas de lui parler, et dites : Seigneur, je suis une pauvre terre sèche, sans eau ; donnez à ce pauvre cœur votre grâce. Puis demeurez en respect en sa présence, sans jamais vous troubler ni vous inquiéter pour aucune sécheresse qui puisse arriver. Cette manière d'oraison est plus sujette à distractions que celle de la considération, et, si nous nous rendons bien fidèles, Notre-Seigneur donnera celle de l'union de notre âme avec lui. Que chacune suive le chemin auquel elle est attirée.

Ces trois sortes d'oraison sont très bonnes : que donc celles qui sont attirées à l'imagination la suivent, et de même celles qui le sont à la considération et à la simplicité de la présence de Dieu ; mais, néanmoins, pour cette troisième sorte, il faut bien se garder de s'y porter de soi-même, si Dieu ne nous y attire.

Ste Jeanne de Chantal

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Pour un approfondissement biographique
> > > Sainte Jeanne-Françoise de Chantal et l’Ordre de la Visitation

 

Chantal01 1Sainte JEANNE-FRANCOISE DE CHANTAL, véritable portrait dont l'original, peint en 1936, se trouve à la Visitation de Turin.

http://lepeupledelapaix.forumactif.com/t10733-on-fete-aujourd-hui-sainte-jeanne-francoise-de-chantal

Son enfance

Jeanne est née le 23 janvier 1572 à Dijon, quatre ans et demi après François de Sales. Elle est la fille de Marguerite, née Berbisey, et de Bénigne Frémyot, alors conseiller à la Chambre des Comptes. C'est pour ce dernier une déception, car il aurait préféré un garçon, qui ne tardera cependant pas à venir. En effet, Marguerite donne dix-huit mois après naissance à André, laissant la vie lors de cet accouchement.
C'est la sœur de Bénigne, Marguerite Frémyot, veuve elle aussi, qui remplacera la jeune mère, partie si précocement, auprès des enfants. Jeanne aura ainsi, malgré le manque maternel, une enfance heureuse. C'est une fille " rieuse, vive, intelligente et studieuse " note Mgr Trochu. La mère de Chaugy ajoute que " la petite orpheline ne laissa pas d'être élevée avec un très grand soin ".
Comme toutes les jeunes filles " de bonne famille ", Jeanne apprend à lire, écrire, danser ou broder… Elle apprend " avec une grande souplesse et vivacité d'esprit " mais ce n'est pas ce qui importe le plus pour son père, dont la droiture et la moralité sont admirées par tout le Parlement. Ainsi André Ravier écrit que " cependant, pour Bénigne Frémyot, l'essentiel de l'éducation de ses enfants se situait au-delà de toute instruction et de toute formation aux belles manières. Il les voulait fermes et fidèles catholiques. " Lui-même l'était avec ferveur, ce qui lui fit avouer un jour au roi Henri IV, qui avait abjuré le protestantisme en 1593 : " Sire, je vous confesse que si Votre Majesté n'eût crié de bon cœur : Vive l'Eglise Romaine, je n'aurais jamais crié : Vive le Roi Henri IV ". Jeanne est de la même trempe : elle a cinq ans à peine lorsqu'elle jette au feu les dragées données par un gentilhomme protestant, en s'écriant courageusement : " Voilà, monsieur, comment brûleront tous les hérétiques au feu d'enfer, parce qu'ils ne croient pas ce que Notre-Seigneur a dit " ; de même, à vingt ans, elle rejette résolument un prétendant huguenot… Et tout au long de sa vie, elle fera preuve comme son père d'un fervent attachement à la foi catholique.
En 1587, sa sœur aînée Marguerite, alors âgée de dix-sept ans, est mariée à Jean-Jacques de Neufchaize, originaire d'une famille de la vieille noblesse poitevine. Le jeune ménage, accompagné par Jeanne, part par conséquent s'installer dans le Poitou, où il mène grand train. Et force est de constater que Jeanne est loin d'être insensible à tout ce luxe, tout comme elle est loin d'être insensible aux avances qui lui sont faites. Car cette belle jeune fille attire de nombreux jeunes gens, mais elle sait repousser les charmeurs et arracher les masques des plus aventureux.

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Son mariage

En 1592, M. Frémyot rappelle Jeanne à ses côtés. Ce n'est pas sans tristesse que cette dernière quitte sa sœur, d'avec laquelle elle n'a encore jamais été séparée. Mais Bénigne ne fait pas revenir sa fille sans de solides raisons : il nourrit en fait le projet de la marier avec Christophe de Rabutin, second baron de Chantal, alors âgé de vingt-sept ans. Le contrat de mariage est signé le 28 décembre suivant au château de Bourbilly, résidence du jeune baron, dont les terres jouxtent celles de Thôtes, propriété de Bénigne Frémyot.
Bourbilly : André Ravier en dit que c'est là que Jeanne de Chantal " atteignit sa pleine stature " humaine et spirituelle. Jeanne est une grande amoureuse, quoique le baron de Chantal ait été " fort galant " avant de se marier, d'après la mère de Chaugy, et soit encore un " fervent de la lame ". Elle est alors surnommée " la dame parfaite ", ce qui relève d'abord d'un sens très pratique car elle régit d'une main de fer un domaine truffé de dettes et le redresse avec succès. Cette qualité lui sera d'ailleurs très utile par la suite, lorsqu'elle aura à charge l'Ordre de la Visitation… Mais c'est aussi " la dame parfaite " spirituellement : " elle était parmi les dames de sa qualité, comme un brillante étoile ", écrit Charles-Auguste de Sales. En effet, Jeanne est toujours fervente catholique, et assiste notamment tous les matins à la Sainte Messe ; elle pratique de plus sans restriction l'exercice de la charité : " tous les jours, après son dîner, elle allait recevoir à l'entrée du château les pauvres qui venaient chercher nourriture ". Ainsi, pendant le rude hiver 1600-1601, durant lequel beaucoup moururent de faim après l'épuisement des réserves, Jeanne transforme plusieurs pièces du manoir en hôpital, avec le soutien de son époux, et fait " construire un four de quinze pieds de large pour le pain des pauvres. Et des témoins ont affirmé sous la foi du serment que deux fois au moins, par la multiplication mystérieuse du blé, puis de la farine, le miracle vint au secours de sa charité. " (Mgr Trochu)
C'est encore à Bourbilly que moins de dix ans après le mariage un banal accident de chasse ouvrira dans le cœur de Jeanne une douleur " qui ne pouvait se décrire " (Marcelle Georges-Thomas), mais qui pourtant portera à terme de nombreux fruits spirituels. Le baron meurt des suites d'un coup involontaire de Louis d'Anlezy, après neuf jours d'agonie. La future sainte aura du mal à pardonner au " meurtrier " de son époux, mais elle le fera cependant, et pas à moitié puisqu'elle acceptera de devenir la marraine de l'un des enfants de M. d'Anlezy.

Un veuvage difficile

De son mariage avec Christophe de Rabutin, Jeanne a eu six enfants, dont les deux premiers sont morts à la naissance : en 1596, c'est la naissance de Celse-Bénigne, puis en 1598 celle de Marie-Aimée, qui épousera Bernard de Sales. En 1599, Jeanne accouche de Françoise. Et enfin Charlotte arrive en 1601, quinze jours seulement avant l'accident de chasse du baron. Jeune veuve, Jeanne doit donc assumer seule ses quatre enfants. Son veuvage est d'autant plus difficile qu'elle doit rejoindre en décembre 1602 son beau-père, le vieux baron Guy de Chantal, à Monthelon, près d'Autun, où elle fera " un purgatoire de sept ans et demi ".
La vie est en effet rude à Monthelon, à cette époque simple gentilhommière mal entretenue ; une servante, avec laquelle le vieux baron a eu cinq enfants, dirige la maison ; et les rapports qu'entretient Jeanne tant avec la " servante maîtresse ", vulgaire et prétentieuse, qu'avec Guy de Chantal, vieux soldat souvent violent, ne sont pas des plus sereins. Mais elle porte sa croix avec patience, illustrant à sa manière la devise surmontant l'entrée de Monthelon : Virtus vulnere virescit, la vertu s'accroît par les plaies.
Sa croix est d'autant plus lourde que, dès le décès de son époux, Jeanne est bouleversée. Elle écrira bien plus tard : " il plut à Dieu que mon esprit fût agité de tant de diverses et violentes tentations que, si sa bonté n'eût eu pitié de moi, je fusse sans doute périe dans la fureur de cette tempête ". Elle dépérit peu à peu, se sent perdue, et a envie de fuir : " je crois que si le lien de mes quatre petits enfants ne m'eût retenue par obligation de conscience, je m'en fusse enfuie, inconnue, dans la Terre Sainte, pour y finir mes jours ".
Jeanne ne trouve de secours que dans le Seigneur, et plus que jamais elle a désir de s'abandonner pleinement à Lui. Seule devant lui, elle prie et pleure tout à la fois… Elle est en ces durs instants une grande âme qui se cherche…

La rencontre avec François de Sales

Un an après la mort du jeune baron de Chantal, le président Frémyot avait rappelé pendant quelques semaines sa fille et ses petits-enfants à ses côtés. Jeanne avait alors rencontré un religieux qui deviendrait son premier directeur de conscience. Ce dernier lui avait fait prêter quatre vœux : le premier, de lui obéir ; le deuxième, de ne pas changer de directeur de conscience ; le troisième, de garder secret ce qu'il lui dirait ; et le dernier, de ne confier qu'à lui les tourments de son âme… S'ajoutant aux misères de Monthelon, les exigences de ce sévère directeur spirituel ne sont pas pour réconforter Jeanne et apaiser ses tourments. Bien au contraire !
Mais fort heureusement Jeanne ne devait pas garder bien longtemps ce religieux comme guide. Le 5 mars 1604, elle arrive à Dijon, à la demande de son père, pour écouter le jeune évêque de Genève. Le jour-même, elle l'entend prêcher. C'est certes la première fois qu'elle rencontre physiquement le saint évêque, et elle connaît même à peine son nom, mais elle l'a néanmoins déjà vu : elle reconnaît " aussitôt celui que Dieu lui avait montré jadis dans une vision, pendant qu'elle se promenait à cheval dans les bois de Bourbilly. " (Marcelle Georges-Thomas). Et l'évêque lui-aussi reconnaît cette dame attentive, se souvenant d'une apparition qu'il a eue autrefois, au château de Sales, durant laquelle le visage de Jeanne ressortait au milieu d'un groupe de religieuses.
La relation entre les deux saints est dès lors établie, mais reste lente, parfois ralentie, notamment à cause du guide et confesseur de Madame de Chantal ou des quatre vœux qu'il lui a fait prêter, mais aussi des charges de Jeanne qui, rappelons-le, est mère de famille.
La rencontre de Saint-Claude, du 24 au 28 août de la même année, est décisive. François de Sales relève déjà Jeanne des quatre vœux la liant à son directeur spirituel. " Tous ces quatre vœux ne valent rien qu'à détruire la paix d'une conscience ", lui affirme-t-il bien justement ; et, après qu'elle se soit confiée à lui, il lui donne un billet sur lequel il a écrit : " J'accepte, au nom de Dieu, la charge de votre conduite spirituelle, pour m'y employer avec tout le soin et fidélité qui me sera possible ". Alors Jeanne fait " vœu à la Divine Majesté d'obéissance à Mgr l'évêque de Genève, sauf l'autorité de tous légitimes supérieurs " (mère de Chaugy).

Vers la Visitation

Le 21 mai 1605, Jeanne arrive au château de Sales, pour rencontrer une nouvelle fois l'évêque de Genève. Elle y demeure dix jours, durant lesquels François lui fait part à mots couverts de ses projets. Jeanne lui répond par cette question : " Ô mon Dieu, mon Père, hé, ne m'arracherez-vous point au monde et à moi-même ? ". L'idée d'entrer en religion se précise donc, et c'est avec une nouvelle ferveur spirituelle que Jeanne retourne à Monthelon. Ferveur spirituelle qui ne doit en rien faire oublier qu'elle est toujours torturée par ses tentations. " Tant que je pouvais, je me tenais serrée à l'arbre de la Croix, crainte que tant de voix charmeresses ne fissent endormir mon cœur en quelques complaisances mondaines ", écrit-elle. Dans l'élan, elle joint le geste à la parole, gravant avec un fer rougi au feu le saint nom de Jésus sur son cœur. Toute sa vie, la sainte gardera cette cicatrice !
Jeanne se donne plus encore aux pauvres, et, durant les vendanges de l'année 1606, elle est atteinte de dysenterie à force de secourir les malades lors de l'épidémie. Elle fait un vœu à la Sainte Vierge, et, la foi venant au secours de la maladie, se trouve le lendemain parfaitement guérie et prête à reprendre du service !
A la Pentecôte 1607, Jeanne retrouve François de Sales à Paris. A l'occasion de ce séjour, l'évêque lui dévoile ses projets, lui exposant le plan de la Visitation. Mais les difficultés sont nombreuses. Jeanne ne peut notamment pas se séparer si facilement de ses quatre jeunes enfants. Le mariage entre Bernard, baron de Thorens et frère de François de Sales, et Marie-Aimée, aînée des filles de Jeanne, facilitera les choses.
Aussi, le 29 mars 1610, Mme de Chantal fait à Dijon ses adieux à son père et à son fils aîné Celse-Bénigne, qui va jusqu'à se coucher sur le seuil de la porte en espérant la faire changer d'avis. Mais le dessein de Dieu est établi, et son père lui dit ces paroles en la bénissant : " Il ne m'appartient pas, ô mon Dieu, de trouver à redire à ce que votre Providence a conclu en son décret éternel ". Le même jour, Mme de Chantal quitte Dijon.
Elle arrive le 4 avril 1610, jour des Rameaux, à Annecy, où elle est accueillie par le saint évêque. Dès le surlendemain, elle passe un acte devant notaire, se dépouillant de tout ce qu'elle possédait en faveur de ses enfants.
Après avoir logé un premier temps chez le président Favre, dont la fille Jacqueline sera parmi les premières visitandines, Jeanne, qui dès le lendemain deviendra la mère de Chantal, inaugure le 6 juin la " maison de la Galerie ", qui pour l'instant ne dispose ni de mobilier ni de provisions… Elle y entre dans la soirée avec Marie-Jacqueline Favre et Jeanne-Charlotte de Bréchard, après que le saint évêque lui ait remis un abrégé des Constitutions, écrit de sa main. La Visitation est née. " Voici le lieu de nos délices et de notre repos ", dit Jeanne à ses premières filles.

La mère de Chantal

Les prétendantes arrivent nombreuses, et le 6 juin 1611, un an après la fondation, les trois premières mères font profession entre les mains de l'évêque de Genève.
Au mois d'août, la mère de Chantal apprend que son père vient de mourir. C'est pour elle une grande tristesse. " Dieu veut être votre unique père, car Il a retiré à lui celui qu'Il vous avait donné sur la terre ", l'enseigne François de Sales. Et il ajoute : " Dieu l'a voulu, c'est tout dire ".
Vers juin 1613, c'est au tour de son beau-père de rendre son âme à Dieu, " après avoir racheté par une fin chrétienne les désordres de sa vie " (Marcelle Georges-Thomas). C'est pour la mère de Chantal l'occasion de se réconcilier pleinement avec la servante maîtresse qui lui avait causé tant de misères à Monthelon.
Le 25 janvier 1615, la mère de Chantal part pour Lyon avec quelques unes de ses filles, à l'invitation de l'archevêque Denis de Marquemont. Un premier monastère est fondé en dehors du diocèse de Genève. Jeanne y reste jusqu'en octobre puis le laisse sous la direction de la mère Marie-Jacqueline Favre. La fondation de Lyon n'est que la première d'une longue série, inaugurant notamment celle de Moulins en 1616, où Jeanne, malade, délèguera Jeanne-Charlotte de Bréchard pour la fondation… Et à sa mort en 1641, c'est quatre-vingt sept monastères qu'elle aura vu naître !
L'année 1617 sera difficile. Le 23 mai, son gendre Bernard décède de la fièvre pestilentielle. C'est une rude épreuve pour Marie-Aimée, d'autant plus qu'elle est enceinte. Elle vient donc trouver réconfort auprès de sa mère à la Visitation d'Annecy, où elle accouchera d'un enfant qui mourra sitôt baptisé. Marie-Aimée meurt à son tour le 7 septembre, après avoir pris l'habit et prononcé ses vœux. La mère de Chantal, qui a elle-même fermé les yeux à sa fille, ne supporte pas tous ces décès, et tombe gravement malade, si bien que ses filles craignent pour sa vie. Mais en février de l'année suivante, la voyant à l'agonie, saint François de Sales lui porte les reliques de Charles Borromée ; Jeanne s'en trouve alors soudainement guérie.
Elle reprend alors une vie des plus actives, participant notamment à la fondation du premier monastère de Paris, le 1er mai 1619, monastère qui sera placé sous la direction spirituelle d'un jeune M. Vincent, futur saint Vincent de Paul. Durant le séjour qu'elle fait dans la capitale, la mère de Chantal se lie notamment avec Mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal. Angélique Arnauld ayant grand désir de devenir visitandine, la mère de Chantal insiste en ce sens auprès du saint évêque. Renvoyé à l'arbitrage du pape, l'avis fut néanmoins défavorable et Angélique Arnauld ne sera jamais visitandine. Durant ce même voyage, Mère de Chantal marie sa fille Françoise à M. de Toulongeon, le 12 juin 1620, tandis que Celse-Bénigne fait son entrée à la Cour non sans succès, mais aussi non sans inquiétude pour sa mère…
Cette dernière quitte Paris en février 1622 pour rejoindre Annecy. Elle passe notamment par le Carmel de Maubuisson durant son voyage, puis par la Visitation d'Orléans, celles de Bourges, Nevers, Moulins… Elle passe aussi par Dijon, avec une certaine émotion. A Lyon, elle rencontre François de Sales. La mère de Chantal désirant ardemment s'entretenir avec lui, le saint lui répond : " Eh quoi ! ma Mère, avez-vous encore des désirs empressés et du choix ? Je vous croyais toute angélique. " Cette prompte répartie ne les empêchent pas de s'entretenir pendant quatre heures, pour la dernière fois. A l'Epiphanie 1623, Mère de Chantal apprend que le saint est décédé le 28 décembre précédent.

Les dernières années

Mère de Chantal ne s'afflige point outre mesure, " adorant la divine Providence en embrassant au mieux […] la très sainte volonté de Dieu ", comme elle le racontera plus tard à la mère de Chaugy, et elle reprend le lourd héritage qui lui a été légué par le saint, notamment les treize Visitations déjà ouvertes.
Elle rentre à Annecy le 15 janvier, et s'attache dès lors à achever les travaux du saint évêque, notamment agencer tous ses écrits, afin d'affiner les règles de l'Ordre. Pour bien marquer son attachement à ces règles, et plus particulièrement l'élection d'une nouvelle supérieure tous les trois ans, Mère de Chantal se démet de cette charge le 27 mai 1623 devant toute la communauté, ce qui lui est refusé ! " J'accepterai la charge, non perpétuelle, mais selon la règle ", commente-t-elle.
Aux environs de la Pentecôte 1624, Mère de Chantal réunit une assemblée de toutes les Mères de l'Ordre. Assemblée importante, puisqu'elles y rédigent solennellement le Coutumier, avec un grand respect de la pensée de leur fondateur.
Durant ces mêmes années, elle s'attelle à une autre tâche de grande envergure : rassembler témoignages et documents en vue de la canonisation de François de Sales, ainsi que préparer les écrits et divers entretiens de l'évêque pour de futures éditions. Elle travaille si activement que le Saint-Siège accorde en 1627 qu'aux deux commissaires déjà présents pour préparer une possible canonisation, deux autres viennent les épauler.
Et l'élan fondateur se poursuit aussi : Mère de Chantal fonde par exemple elle-même la Visitation d'Evian-Thonon en août 1625. Les créations se poursuivent avec une vigueur qui jamais ne va se démentir jusqu'à la mort de la sainte.
Le 22 juillet 1627, elle doit faire face à un nouveau décès : on lui apprend que Celse-Bénigne est mort avec courage à la guerre, face aux troupes anglaises, transpercé par vingt-sept coups de pique. Voici les paroles de la sainte, rapportées par Mère de Chatel qui se trouvait auprès d'elle, à l'annonce de la nouvelle : " Mon Seigneur et mon Dieu, souffrez que je parle pour donner un peu d'essor à ma douleur, et que dirais-je, mon Dieu, sinon vous rendre grâce de l'honneur que vous avez fait de le prendre lorsqu'il combattait pour l'Eglise ? " André Ravier note dans sa biographie tout le chagrin et toute la fierté d'un cœur noble qui se mêlent à la fois dans cette réaction, " l'offrande résignée et amoureuse de la véritable chrétienne ".
Mère de Chantal n'est pas au bout de ses épreuves. Ainsi, la peste frappe Annecy à la fin des années 1620. Mais elle tient bon devant la difficulté, et tandis que nombreux sont ceux qui fuient, reste avec ses filles et obtient même que le premier syndic et quelques autres citoyens se dévouent au service des pestiférés. C'est une fidélité parfaite à son devoir, et une réponse non moins parfaite à ceux qui exhortaient les visitandines à sortir de leurs couvents : c'est la preuve que le respect de la clôture n'empêche pas l'action.
Dans le cadre du dossier de béatification de François de Sales, Mère de Chantal assiste à l'ouverture du tombeau du futur saint. Plusieurs attestent qu'alors, Mère de Chantal priant à genoux près du corps, l'évêque étendit doucement la main et la posa sur la tête de la mère…
Est-ce un encouragement ? Certainement, et mère de Chantal continue activement son action, se sentant parfois presque dépassée, comme elle le dit en 1633 : " Mon Dieu, voilà déjà cinquante-neuf monastères ! Que cette multitude de maisons qu'on n'a pas moyen de soutenir, tant au spirituel qu'au temporel, me fait grand peine ! ". Mais elle ne se découragera pas pour autant !
Ainsi en 1635, alors que l'Ordre compte soixante et onze monastères, elle part pour Paris et rappelle à cette occasion que la charité doit être le seul lien entre toutes les Visitations. Elle quitte la capitale au début de l'année 1636 et gagne Troyes, puis Dijon, Autun, Mâcon, Valence… Elle arrive le 23 juin à Pont-Saint-Esprit, puis va à Arles, Aix ou Marseille… En remontant, elle passe aussi par Montpellier ou Avignon. Et elle n'est de retour à Annecy qu'en octobre… La tournée des monastères a donc été longue et éprouvante, alors même que la santé de Mère de Chantal se dégrade.
A Annecy, la tentation réapparaît et Mère de Chantal doute. " Cela me fait désirer la mort, craignant que la longueur de ma peine ne me fasse trébucher ", écrit-elle. Mais comme toutes les épreuves passées, Mère de Chantal surmonte encore celle-ci.
Elle quitte de nouveau Annecy le 14 septembre 1638, pour aller fonder une maison à Turin, soixante dix-septième maison de l'Ordre, et elle n'est de retour à Annecy que fin mai 1639, après avoir échappé durant le voyage aux violences de la guerre.
L'année suivante est plus calme, et Mère de Chantal en profite pour se préparer à remettre son supériorat, ce qu'elle fait à l'Ascension 1641. Mère de Blonay est élue pour lui succéder.
Mais le répit est de courte durée, et à peine Mère de Blonay lui succède que Mère de Chantal est élue supérieure par les sœurs de Moulins. Elle refuse tout d'abord mais se ravise ensuite car une de ses amies intimes, Madame la duchesse de Montmorency, désire prendre le voile de ses mains, dans cette cité du Bourbonnais. Mère de Chantal arrive donc à Moulins le 9 août 1641. Elle n'y exercera toutefois jamais la charge de supérieure. Elle apprend alors que la reine Anne d'Autriche aimerait ardemment la rencontrer. Ce sera fait peu de temps après, à Paris, où Mère de Chantal profite notamment pour revoir M. Vincent ou Mère Angélique Arnauld. Elle rencontre aussi l'archevêque de Sens, à qui elle fait une revue de toute sa vie.
Elle quitte Paris le 11 novembre, faisant ce dernier adieu aux visitandines : " Adieu, mes filles, jusqu'à l'éternité. " Durant son voyage, elle passe par Melun, puis Montargis, où elle s'entretient à nouveau avec Monseigneur de Sens. Quoique souffrante, elle s'arrête aussi à Nevers. Et elle est de retour à Moulins début décembre 1641. Le 8 décembre, elle se lève parmi les premières mais la fièvre l'oblige à se recoucher sitôt la messe dite. Le saint Viatique lui est apporté le matin du 12, et elle trouve encore la force de s'écrier : " Je crois fermement que mon Seigneur Jésus-Christ est au très saint Sacrement de l'autel "… Dans l'après-midi, elle exhorte une dernière fois ses filles à avoir une grande fidélité aux observances de la règle.
Le lendemain, Mère de Chantal prend dans sa main droite le Crucifix, dans sa main gauche un cierge béni, et, ainsi parée, elle rend l'âme dans la soirée, après avoir dit distinctement : " Je m'en vais. Jésus, Jésus, Jésus ! "

14 st francois de sales tableau 14Saint François de Sales donnant à Sainte Jeanne de Chantal la règle de l'ordre de la Visitation

Date de dernière mise à jour : 12/08/2024

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