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Saint Laurent de Rome, Diacre et Martyr († en 258). Fête le 10 Août.
Samedi 10 Août 2024 : Fête de Saint Laurent de Rome, Diacre et Martyr († en 258).
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1652/Saint-Laurent-de-Rome.html
Saint Laurent de Rome
Diacre et Martyr à Rome (? 258)
La "passio" de St Laurent, rédigée au moins un siècle après sa mort, n'est pas crédible ( ?).
Le récit prétend que Laurent, diacre du Pape saint Sixte II, fut mis à mort trois jours après le Martyre de ce dernier et qu'il fut brûlé à petit feu sur un gril, ce qu'on ne souhaite à personne.
La plupart des auteurs modernes estiment qu'il fut décapité, comme Sixte. Quoiqu'on pense de la valeur des "acta", il n'en reste pas moins que Laurent a toujours été vénéré, en Orient comme en Occident, comme le plus célèbre des nombreux Martyrs romains (voir la liste chronologique, autour des années 258-259...).
Les écrits des Saints Ambroise, Léon le Grand, Augustin et Prudence témoignent de ce culte(*).
Son nom est cité dans la première Prière Eucharistique. Il est représenté comme diacre, tenant un gril ou couché dessus.
Diacre de l'Église de Rome, auprès du Pape saint Sixte II, il a pour fonction d'être le gardien des biens de l'Église.
Lorsque l'empereur Valérien prend un édit de persécution interdisant le culte chrétien, même dans les cimetières, il est arrêté en même temps que le Pape et les autres diacres.
Ils sont immédiatement mis à mort, mais lui est épargné dans l'espoir qu'il va livrer les trésors de l'Église.
Voyant le Pape marcher à la mort, Laurent pleure. Est-il donc indigne de donner sa vie pour Le Christ?
Saint Sixte le rassure, il ne tardera pas à le suivre. Sommé de livrer les trésors, il rassemble les pauvres, les infirmes, les boiteux, les aveugles.
"Voilà les trésors de l'Église."
Il est condamné à être brûlé vif sur le gril. Il a encore le sens de l'humour et un courage extraordinaire :
"C'est bien grillé de ce côté, tu peux retourner," dira-t-il au bourreau. Il fut l'un des Martyrs les plus célèbres de la Chrétienté.
Au Moyen Age, avec Saint Pierre et Saint Paul, il était le patron de la Ville éternelle où 34 églises s'élevaient en son honneur. 84 communes françaises portent son nom.
(*) Un internaute nous signale: "Le peuple de Dieu dit Saint-Augustin, n'est jamais instruit d'une manière plus profitable que par l'exemple des Martyrs.
Si l'éloquence entraîne, le Martyre persuade. Cette admirable force d'âme fortifiait les autres en leur donnant le modèle de ses souffrances."
Dans notre église - Saint-Pierre à Denguin en Béarn (Pyrénées Atlantiques) - se trouve une copie de son Martyre par Rubens en 1622. Il y est invoqué pour guérir les brûlures, les maladies de peau...
Dans son désir de partager le sort du Pape Sixte II jusque dans son Martyre, comme le rapporte Saint Léon le Grand, quand il reçut l’ordre de livrer les trésors de l’Église, il montra au tyran les pauvres, nourris et vêtus aux frais de l’Église, et au bout de trois jours, il triompha des flammes et même les instruments de son supplice devinrent les signes de sa victoire.
Ses restes furent déposés à Rome, sur la voie Tiburtine, au cimetière de Cyriaque (le Campo Verano).
Martyrologe romain
"Le feu matériel brûlait le corps du Bienheureux Laurent, mais l'Amour intérieur du Sauveur dont son cœur était enflammé adoucissait l'ardeur extérieure"
Saint Augustin.
Cette verrière représente le dernier supplice que fit subir l’empereur Valérien à Saint Laurent le 10 Août de l’année 258.
PAROISSE SAINT CHARLES —- MONTE CARLO
Oblats de Saint François de Sales
10 avenue Saint Charles — 98000 Monaco
Valérien avait donné quatre jours au diacre Laurent pour livrer les richesses de l'Église.
Ce délai expiré, Laurent revint, suivi d'une troupe de misérables et d'éclopés. "Tiens, les voilà, nos richesses, dit-il en les présentant."
L’Empereur, ne pouvant dompter l’héroïsme de Laurent, le fit étendre en sa présence, sur un lit de fer en forme de gril.
Il fit allumer dessous un feu, pour le faire rôtir à loisir.
Pendant qu’il est dans une torture aussi intolérable, l’empereur au lieu d’en avoir compassion, l’insulte du haut de son trône et le presse de sacrifier à ses dieux.
Les bourreaux apportent du charbon et attisent le feu ; mais Saint Laurent, toujours inébranlable, dit d’un visage riant à l’empereur : “ma chair est assez rôtie d’un côté, tourne-la donc de l’autre” et ensuite il lui dit : “ma chair est présentement assez cuite tu peux en manger.”
Au dessus du Saint on voit un ange qui tient entre ses mains, la couronne et la palme dues à son triomphe.
Les vases sacrés, que Saint Sixte lui avait confiés et ordonné de distribuer aux pauvres, sont ici rappelés ainsi que la palme et l’instrument du martyre et par les inscriptions
“Facultates ecclesiae quas requirir pauperes in celestes thesauros portaverunt; Assatum est, versa et manduca.”
https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/06c91e4b-734b-4731-ac26-6fad72ed81a4
Saint Laurent
Diacre et Martyr
(† 258)
Saint Laurent fut l'un des plus illustres Martyrs de l'Église. Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l'affection du Pape Sixte II, qui le choisit comme son premier Diacre.
L'an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort.
Comme on le conduisait au supplice, Laurent, son Diacre, le suivait en pleurant : « Où allez-vous, mon père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre Diacre ? Jamais vous n'offriez le Sacrifice sans que je vous servisse à l'autel. En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ? »
Le saint Pape, ému, lui dit : « Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées ; vous me suivrez dans trois jours. » Puis il lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l'Église, pour les soustraire aux persécuteurs: mission que Laurent accomplit avec joie.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l'empereur en avait besoin pour l'entretien de ses troupes : « J'avoue, lui répondit le Diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer. »
Le préfet accorda trois jours de délai.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant : « Voilà les trésors que je vous ai promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l'Église n'a point d'autres richesses ».
– « Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet ; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ? » Puis il le fit déchirer à coups de fouets.
Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et convertit l'officier de ses gardes, nommé Hippolyte.
Rappelé au tribunal, il fut étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c'est alors qu'un soldat de la garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du Martyr :
« Vos tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices. »
Laurent fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout brûlé : « Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l'autre. » Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l'âme.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
Pour un approfondissement biographique
> > > Saint Laurent de Rome
SAINT LAURENT
PROTO DIACRE DE L’ÉGLISE ROMAINE
Don Francesco Moraglia
Docteur de théologie systématique
Gênes
(Extrait…pour voir le texte en entier, ouvrir le lien ci-dessus).
…Pour reprendre ce qui a été dit au sujet des grandes figures d’Évêques, de prêtres et de diacres qui ont illustré et influencé le ministère ordonné, permettant une compréhension plus vraie et plus approfondie de celui-ci, il est raisonnable de s’arrêter sur la figure du diacre Laurent dont l’histoire personnelle incite à repenser le premier degré du Ministère Ordonné; lequel, en raison de l’évolution historique évoquée plus haut, attend encore aujourd’hui d’être pleinement compris et mis en valeur.
Il s’agit de donner une nouvelle vigueur à un Ministère permanent en mesure de s’exprimer avec une plus grande fécondité dans la vie de l’Église.
Les vicissitudes personnelles de Saint Laurent, Archidiacre de l’Église de Rome, nous sont parvenues à travers une tradition ancienne divulguée dès le IVe siècle; cette tradition accueillie par l’Église a également été admise dans les textes liturgiques.
Les épisodes les plus connus du martyre de Laurent sont décrits, avec richesse de détails, dans la Passio Polychromi dont nous avons trois rédactions (V-VIIe siècle); De fait, ce récit renferme des éléments légendaires, même si certaines informations que nous rapportons ici figurent dans des témoignages précédents comme celui de Saint Ambroise dans De Officiis (cf. PL XVL 89-92).
Nous commençons, avec l'intention de les développer, par les courtes annotations reportées pour la Fête du martyr qui - selon la "Depositio martyrum" (année 354) - tombe le 10 Août; voici les expressions du Missel Romain:
"Laurent, célèbre diacre de l’Église de Rome, confirma son service de Charité par le martyre sous Valérien (258), quatre jours après la décapitation du Pape Sixte II.
Selon une tradition divulguée dès le IVe siècle, il soutint, intrépide, un atroce martyre sur le gril, après avoir distribué les biens de la communauté aux pauvres qu’il considérait comme les vrais trésors de l’Église...".
Ces annotations se terminent en rappelant que le nom de Laurent figure également dans le Canon Romain.
L’Église, dans ses textes liturgiques, prend donc à son compte ce que rapporte la Tradition ancienne qui, cependant, connaît en son sein des versions différentes.
Ici, nous n’avons pas l’intention d'entrer dans le vif des hypothèses récemment avancées par la critique historiographique qui aurait tendance à reporter la date du martyre de Saint Laurent au début du IVe siècle et à se démarquer des contours traditionnels pour le caractériser; par exemple, Laurent ne serait pas espagnol mais romain et, à ce propos, la Prefazio della mensa XII del Sacramniario leoniano le présente comme civis romain.
Mais, comme le remarque Paolo Toschi, toutes ces nouvelles études "n’enlèvent pas a priori la possibilité qu'il existe, à Rome, une véritable tradition, exposée avec d’évidents embellissements rhétoriques par Saint Ambroise, sur la tragique capture et la fin de Saint Laurent par le feu, supplice qui a été infligé sous Valérien, comme on le sait, à Saint Fructuosus et aux diacres Euloge et Augure à Tarragone.
D’autre part, le verbe animadvertere utilisé dans le décret de persécution dans la rédaction de Cyprien peut également faire référence à d’autres formes d’exécutions capitales en dehors de la "décapitation" (Bibliotheca Sanctorum, vol....1539).
Nous accueillons ici les données traditionnelles telles qu'elles sont rapportées dans les textes liturgiques, en nous limitant à les proposer de manière plus articulée.
Laurent serait donc né en Espagne, à Osca une petite ville de l’Aragon qui surgit aux pieds des Pyrénées.
Afin de compléter ses études humanistiques et liturgiques il fut envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Saragosse, où il fit la connaissance du futur Pape Sixte II.
Ce dernier - originaire de la Grèce -, était investi d’une charge d’enseignant dans l’un des plus importants centres d’études de l'époque et, parmi ses maîtres, le Pape était l’un des plus connus et des plus appréciés.
Pour sa part, Laurent, qui devait devenir un jour le chef des diacres de l’Église de Rome, s’imposait par ses qualités humaines, par sa délicatesse d’âme et son intelligence.
Entre le maître et l’élève s'instaura une communion et une familiarité qui, avec le passage du temps, augmenta et se cimenta; entre temps, l’amour qu’ils portaient tous les deux pour Rome, centre de la Chrétienté et ville-siège du vicaire du Christ, augmenta au point de suivre un flux migratoire alors très intense et de quitter l’Espagne pour la ville où l’apôtre Pierre avait établi sa chaire et rendu le témoignage suprême.
C'est donc à Rome, au cœur de la Catholicité, que maître et élève purent réaliser leur idéal d’évangélisation et de mission... jusqu’à l’effusion du sang.
Lorsque le 30 Août de l’année 257, Sixte II monta sur le trône de Pierre - pour un pontificat qui devait durer moins d’un an - , immédiatement et sans hésiter, il voulut à ses côtés son ancien élève et ami Laurent, en lui confiant la charge délicate de proto diacre.
Les deux hommes, à la fin, scellèrent leur vie de communion et d’amitié en mourant par les mains du même persécuteur, séparés seulement par quelques jours.
Nous avons des informations sur la fin du Pape Sixte II dans une lettre de Saint Cyprien, Évêque de Carthage.
Cyprien, en parlant de la situation de grande incertitude et de malaise dans laquelle versaient les Églises à cause de l'hostilité croissante à l'égard des Chrétiens, remarque:
"L’empereur Valérien a envoyé au sénat son rescrit par lequel il a décidé que les Évêques, les Prêtres et les diacres doivent être immédiatement mis à mort...
- le témoignage de Cyprien continue - ... je vous communique que Sixte a subi le martyre avec quatre diacres le 6 Août, alors qu’il se trouvait dans la zone du cimetière.
Les autorités romaines ont pour règle que ceux qui sont dénoncés comme Chrétiens doivent être jugés et subir la confiscation de leurs biens au bénéfice du trésor public impérial" (Lettre 80, CSEL 3,839-840).
Le cimetière auquel le Saint Évêque de Carthage fait allusion est celui de Callixte, où Sixte fut capturé tandis qu’il Célébrait la Sainte Liturgie et où il fut enterré après son martyre.
En revanche, pour le martyre du diacre Laurent, nous possédons un témoignage particulièrement éloquent de Saint Ambroise dans De Officiis (1 41, 205-2079), repris ensuite par Prudence et Saint Augustin, puis par Saint Maxime de Turin, Saint Pierre Chrisologue, Saint Léon le Grand et, enfin, par certaines formules liturgiques renfermées dans les Sacramentaux romains, dans le Missale gothicum et dans l’Ormionale Visigotico (Bibliotheca Sanctorum, vol. ..., 1538-1539).
Ambroise s’étend tout d’abord sur la rencontre et sur le dialogue entre Laurent et le Pape, il évoque ensuite la distribution des biens de l’Église aux pauvres, il mentionne enfin le gril, l'instrument du supplice, en rapportant la phrase que le proto diacre de l’Église de Rome prononça en s'adressant à ses bourreaux: assum est, ... versa et manduca (cf. Bibliotheca Sanctorum, vol. ... col. 1538-1539).
C'est au texte d’Ambroise tiré du De Officiis (chap. 41, nn. 205-206-207), bouleversant par son intensité et sa force expressive, que nous nous référons; Saint Ambroise s’exprime ainsi:
205. "... Saint Laurent,... voyant son Évêque Sixte conduit au martyre, commença à pleurer non pas parce que celui-ci était conduit à la mort, mais parce qu’il devait lui survivre.
Il commença donc à lui dire de vive voix: "Où vas-tu, père, sans ton fils? Où t'empresses-tu, o Saint Évêque, sans ton diacre?
Tu n’offrais jamais le Sacrifice sans ministre. Qu’est-ce qui t’as donc déplu en moi, o père?
Tu m’as peut-être trouvé indigne? Vérifie au moins si tu as choisi un ministre approprié. Ne désires-tu pas que celui auquel tu as confié le Sang du Seigneur, celui que tu as associé à la Célébration des Mystères Sacrés, verse son sang avec toi?
Sois attentif à ce que ton discernement ne vacille pas tandis que ta force est louée. Le mépris du disciple porte préjudice au maître.
Faut-il rappeler que les grands hommes remportent la victoire par les épreuves victorieuses de leurs disciples plus que par les leurs?
Et puis Abraham a offert son fils, Pierre a envoyé Étienne en avant. Toi aussi, o mon père, montre en ton fils ta vertu; offre celui que tu as éduqué, pour obtenir la récompense éternelle en glorieuse compagnie, sûr de ton jugement".
206. Sixte lui répondit: "Je ne te quitte pas, je ne t'abandonne pas, o mon fils; mais des épreuves plus difficiles te sont réservées.
Comme nous sommes vieux, il nous a été donné de parcourir une épreuve plus facile; Comme tu es jeune, tu es destiné à un triomphe plus glorieux sur le tyran.
Tu viendras bientôt, cesse de pleurer: tu me suivras dans trois jours.
Cet intervalle entre un Évêque et un lévite est convenable. Tu n'aurais pas été digne de vaincre sous la conduite de ton maître, comme si tu cherchais une aide.
Pourquoi demandes-tu à partager mon martyre? Je t'en laisse l'entière succession. Pourquoi exiges-tu ma présence?
Les disciples encore faibles précèdent leur maître, ceux qui sont déjà forts, qui n'ont plus besoin d'enseignements, le suivent pour vaincre sans lui. C'est pourquoi Élie quitta Élisée. Je te confie la succession de ma vertu".
207. Il existait entre eux une rivalité véritablement digne d’être combattue par un Évêque et par un diacre: celui qui, le premier, devait souffrir pour Jésus-Christ.
On raconte que lors des représentations tragiques, les spectateurs éclataient en applaudissements bruyants lorsque Pilade disait qu'il était Oreste et Oreste, comme c'était le cas, affirmait qu’il était Oreste, le premier pour être tué à la place d’Oreste, le second pour empêcher que Pilade fût tué à sa place.
Mais ces derniers ne devaient pas vivre, car ils étaient tous les deux coupables de parricide: l’un parce qu’il l’avait commis, l’autre parce qu’il était son complice.
Dans notre cas, le seul désir qui animait Saint Laurent était celui de s’immoler pour Le Seigneur.
Et lui aussi, trois jours après, ayant ridiculisé le tyran, sera brûlé sur un gril:
"Cette partie est cuite, dit-il, retourne-la et mange-la". Il triomphait ainsi, avec sa force d’âme, de l’ardeur du feu" (Saint Ambroise, De Officiis, libri tres, Milan, Bibliothèque ambrosienne, Rome Città Nuova Editrice 1977, pp. 148-151).
Si l’on s’en tient au témoignage de Saint Ambroise, le diacre apparaît caractérisé ainsi:
1) comme celui qui, constitué sacramentellement au service de l’offrande (diaconie), vit son Ministère diaconal en exprimant dans le Martyre le témoignage suprême de Jésus-Christ, le sens théologique du service de la Charité, à travers l’accueil de cet amour-charité plus grand qu'est le Martyre.
2) comme celui qui, en vertu du lien structurel qui le lie sacramentellement à l’Évêque, (premier degré de l’ordre), vit la "communion ecclésiale", à travers un service spécifique à l’épiscopat, à partir de l’Eucharistie et en référence à celui-ci.
3) comme celui qui, en vertu du Sacrement (c’est-à-dire dans la mesure où il est enraciné dans le premier degré de l’ordre), se consacre au service d’une charité intégrale, à 360 degrés - par conséquent pas seulement une solidarité humaine et sociale -, et manifeste de la sorte le caractère le plus typique de la diaconie…
…Le Diacre Laurent, Ministre Ordonné de la Charité, achève la tâche qu’il avait reçue, non seulement dans la mesure où il suit son Évêque dans le martyre mais parce qu’à travers le geste par lequel il donne aux pauvres toutes les ressources de la communauté - ici exprimées par des biens matériels -, il montre comment, dans l’Église, chaque chose a de la valeur si elle est orientée vers la Charité, si elle devient service à la Charité, si elle peut se transformer en Charité.
Et ce service - comme le rappelle la première lettre aux Théssaloniciens (cf. 1 Ts 5,23) -, s’étend non seulement au "corps" mais aussi à l’"esprit" et à l’"âme", pour se manifester en toute clarté dans la prière que - selon la Passio Polychromi (les actes du martyre de Laurent) -, le Saint Diacre voulut réciter pour la ville de Rome avant de monter sur le gril.
Et la ville, qui lui attribuait la victoire définitive sur le paganisme, le lui rendit en le choisissant comme son troisième patron et en Célébrant sa Fête dès le IVe siècle, en second, par ordre d’importance, après la Fête des Bienheureux Pierre et Paul et en élevant, en honneur du Saint diacre, dans l’antiquité et au moyen-âge, au moins trente quatre églises et chapelles, signe tangible de reconnaissance envers celui qui, fidèle à son ministère, avait été, en son sein, véritable Ministre et serviteur de la Charité.
Saint Laurent de Rome. Peinture de Carlo Crivelli.
http://missel.free.fr/Sanctoral/08/10.php
En 257 l'empereur Valérien publiait contre la religion Catholique son second édit de persécution qui amena une recrudescence de poursuites, de violences et de supplices.
A Rome, la première victime fut le Pape Sixte II.
Le 6 Août, le Pape qui était venu offrir le saint Sacrifice dans une chapelle souterraine du cimetière de Prétextat, fut découvert et saisi avec les Diacres qui l'entouraient.
Sixte II fut immédiatement conduit devant un des préfets qui siégeaient en permanence pour juger les Chrétiens.
Il n'était question que de constater son identité : la mort devait s'ensuivre sans procès ; le pontife fut en effet condamné à être décapité au lieu du culte où il avait été arrêté.
Or comme on le conduisait au lieu de son supplice, Laurent, son archidiacre, le rejoignit en hâte et lui dit : « Où allez-vous, père, sans votre fils ? Où allez-vous, Prêtre Saint, sans votre Diacre ? Jamais vous n'avez offert le Sacrifice hors de son assistance. Qu'est-ce qui vous a déplu en moi, ô mon père ? »
Emu de ces plaintes, le Pape Martyr le consola ainsi : « Je ne t'abandonne pas, mon fils. Mais de plus grands combats t'attendent. Vieillard, je vais recevoir la récompense d'une lutte facile ; ta jeunesse remportera du tyran un triomphe plus glorieux. Ne pleure plus : dans trois jours tu me suivras. »
De famille très modeste, selon saint Pierre Chrysologue, Laurent avait été remarqué par le Pape pour la pureté de ses mœurs ; Sixte II l'avait placé à la tête des sept Diacres de l'Eglise romaine.
Il revenait à l'archidiacre d'administrer les biens ecclésiastiques, de diriger les travaux des cimetières et d'en gouverner le personnel ; en outre, il présidait à la distribution des pensions et des aumônes.
Il n'est pas sans exemple que l'archidiacre succédât au pontife près duquel il avait servi. Laurent occupait donc une position importante qui lui donnait une autorité considérable. La persécution ne l'avait pas pris au dépourvu ; comprenant que le but fiscal y était d'autant de poids que la haine contre les chrétiens, il avait pris des précautions pour que toute confiscation fût vaine.
Réalisant autant qu'il le pouvait la fortune de l'Église, il l'avait déjà presque toute entière distribuée aux pauvres.
Il ne se trompait pas sur les intentions impériales. Si on ne l'avait pas arrêté avec Sixte et les autres diacres, c'était bien parce que les autorités le savaient chargé des intérêts de la communauté Chrétienne, et qu'il était seul en mesure de leur livrer l'inventaire et leur possession.
Aussi ne tarda-t-on pas à s'emparer de lui. Il fut conduit devant le préfet de Rome, Cornelius Secularius qui lui ordonna de remettre au fisc les trésors confiés à sa garde.
Laurent ne refusa pas de satisfaire à la sommation du Préfet, mais il lui demanda le temps nécessaire pour réunir les biens de l'Eglise et les lui présenter.
Ayant obtenu le délai, Laurent consacra trois jours à rassembler les pauvres, les vieillards et les orphelins qui étaient à la charge de la communauté chrétienne.
Cependant il devait sans doute revenir le soir dans la prison qui lui était assignée, puisqu'on la montre encore, transformée en église, et que la tradition raconte qu'il y convertit et Baptisa Hyppolyte, l'officier de la milice chargé de sa garde.
Le troisième jour, Laurent reparut au tribunal, suivi d'une foule de plus de quinze cents personnes. « Eh bien ! Lui dit le préfet, es-tu prêt à tenir ta parole ? Où sont tes trésors ? »
Laurent, en montrant d'un large geste la multitude qui l'entourait, lui répondit : « Les voici. Voici les trésors de l'Église ! »
Ainsi, jadis, se glorifiait de ses fils la mère des Gracques qui, en les présentant aux matrones chargées des bijoux et des pierres précieuses disait : « Voici mes joyaux ! » Secularius comprit qu'il était joué.
Plus humilié peut-être de la charitable et pieuse mystification que déçu dans son avarice, il condamna Laurent au dernier supplice : il serait brûlé vif sur un gril.
La tradition encore désigne le lieu où la sentence se serait exécutée : il s'agit d'un cachot souterrain situé sous l'église de Saint-Laurent in panisperna.
Le juge comptait sans doute sur l'horreur et la durée de la torture pour arracher quelque révélation au douloureux patient. Laurent trompa encore toutes ses espérances.
Fortifié par la Grâce Divine, il vérifia, dit Saint Augustin, la parole des livres saints : « Dans vos tourments vous posséderez votre âme. »
Impassible et comme n'éprouvant nulle douleur, il se moquait de l'impuissante cruauté de ses tourmenteurs : « Ce côté, leur dit-il, est cuit assez ; tournez-moi de l'autre » ; et enfin : « C'est bien ainsi, mangez maintenant ! »
Et il expira, « ayant, dit encore Saint Augustin, bien mangé le Corps du Seigneur et largement bu au Calice Divin, fortifié de cette Chair, enivré de ce Sang, il ne ressentit pas la douleur de ce tourment et de cette longue mort. »
Son bienheureux corps, d'où, pendant le supplice, s'était exhalé un parfum d'une exquise odeur, fut recueilli par de fidèles amis et déposé dans un tombeau sur la voie de Tibur.
La plus grande partie des reliques du Saint est encore dans l'église de Saint-Laurent-hors-les-murs, élevée sur son sépulcre.
Comme le diacre Saint Étienne fut la gloire de Jérusalem, ainsi le diacre Saint Laurent combla d'honneur celle de Rome.
Aussi y est-il particulièrement célébré : on ne compte pas, dans la Ville éternelle, moins de neuf églises et de deux oratoires qui lui soient dédiés et où sa Fête se célèbre avec grande Solennité.
Date de dernière mise à jour : 10/08/2024
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